Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Fillmore Slim, je suis originaire de la Nouvelle Orléans, en Louisiane, et je joue le Blues...
A quand remontent tes débuts dans le milieu du Blues ?
J'ai commencé à jouer du Blues dès mes plus jeunes années, j'ai chanté très tôt. C'était en Louisiane, dans la rue, et je devais avoir 10 ans...
J'avais aussi la chance de me produire pour des gens qui me donnaient la pièce lors de « House Party » chez mes grands-parents. J'aime les titres de Blues car ma grand-mère, avec laquelle je vivais, possédait un gramophone. La première chanson dont je me souviens était « Mama killed a chicken, thought it was a duck ». D'une manière générale j'appréciais particulièrement les chansons un peu « mauvaises », graveleuses et chargées de doubles sens.
Quelles sont les musiciens qui ont eu une influence sur ta musique ?
Il y a Guitar Slim qui a été l'artiste que j'ai le plus admiré.
Peux-tu me parler de ton premier groupe qui était Eddy N and the Blues Slayers ?
Il s'agit de mon premier groupe avec lequel je me produisais du côté de San Francisco et Los Angeles (Fillmore avait alors quitté la Louisiane pour s'installer en Californie, Nda). Par la suite j'ai intégré un autre groupe qui se nommait Bobbie Webb and the Rythm Rockers. Il s'agissait d'un saxophoniste qui m'avait demandé de me joindre à son orchestre afin d'interpréter quelques chansons.
Lorsque tu côtoyais Etta James, t'arrivait-il de te produire à ses côtés, était-ce une bonne amie ?
Etta James n'était pas une « bonne amie », elle était ma petite amie...
Elle était, d'ailleurs, ma première vraie petite amie...
Je l'ai rencontrée en 1955 du côté de San Francisco alors qu'elle devait avoir 16 ans...
C’était juste avant qu'elle ne devienne davantage connue.
Tu as finalement collaboré avec beaucoup d'artistes différents. Ta biographie fait état de Little Willie Littlefield en 1957, Sly & the Family Stone...
Oui d'ailleurs, tu sais, concernant le groupe Sly & The Family Stone je n'ai travaillé avec eux qu'en tant que chanteur. J'ai croisé le chemin de nombreux artistes, souvent ces rencontres se prolongeaient sur scène....
Tu as aussi participé à des revues d'Ike et Tina Turner...
C'est vrai, c'était dans les premières années du duo composé par Ike & Tina, au sein de leur groupe The Kings of Rythm...
Il étaient de bons bons amis durant cette courte période. Une période assez sauvage...
Quels sont tes meilleurs souvenirs liés à ces premières années de carrière ?
En fait mon meilleur souvenir remonte à mes premières années passées à Los Angeles et à l'enregistrement de mon premier disque en 1959. C'était sur le label fondé par Dootsie Williams, Dooto Records. La première face de ce 45 tours était « You got the love of a big brass monkey ». La première fois que je l'ai entendu à la radio, cela m'a rendu vraiment très heureux...
Quelles sont les caractéristiques de ta musique ?
Ma musique puise ses racines dans les styles issus de la Nouvelle Orléans. C'est une musique qui vient du coeur. Je vis Blues, je dors Blues, je mange Blues, tout ce que je fais tourne autour du Blues. C'est une musique que j'ai découvert chez ma grand-mère alors qu'il m'arrivait déjà de me comporter comme un « bad boy ». Je faisais des bêtises la semaine, oubliais d'aller à l'école, et allais à l'église le dimanche où je me passionnais pour les chanteurs. J'aurais pu avoir le Blues à continuer de travailler dur dans des champs de coton, sous un soleil de plomb à côtoyer des serpents. J'aurais pu travailler dans des fermes ou au volant d'un camion... toutes ces choses qui vous donnent le Blues. Ces choses qui m'ont fait, à la fois, aimer et détester le Blues. Je pourrais continuellement écrire sur et pour le Blues...
Pour diverses raisons, tu es admiré des rappeurs. Que penses-tu de leur musique ?
Ce qui rapproche cette musique de la mienne est le fait de parler des choses simples de la vie, les bonnes comme les mauvaises.
Le fait de venir régulièrement en Europe, depuis 1997, est-il une chose importante pour toi ?
Mes disques y reçoivent un accueil chaleureux et c'est toujours un plaisir d'y revenir avec mon groupe dont le batteur est Chris Millar, le fondateur du label Fedora. Cet homme a toujours cru en moi, il m'a enregistré et aujourd'hui je suis là !
Justement, peux-tu me présenter les musiciens qui constituent ton groupe ?
Le manager et le batteur est Chris Millar. A la guitare, il y a un jeune homme qui nous vient de Fresno, il s'appelle AC Myles. Malgré son âge, il connaît toutes les facettes de notre musique, il marche sur les traces des anciens et il est vraiment formidable. A la basse, il s'agit de « Big Bad John » soit John Crosen qui a joué avec tout le monde !
Je ne pourrais pas rêver d'un meilleur line-up actuellement. Pourtant j'ai eu d'autres excellents groupes dans le passé avec des musiciens tels que JJ Malone, Harmonica Slim etc...
As-tu des regrets concernant ta vie (Fillmore Slim a passé plusieurs années en prison, pour proxénétisme, dans les années 1980. Il était réputé comme étant le souteneur le plus célèbre de San Francisco, surnommé « The Pope of Pimping », Nda) ?
Non, je n'ai pas de regrets... je suis clair aujourd'hui.
J'ai payé mes dettes envers la société, tout comme Chuck Berry et bien d'autres qui sont, aussi, revenus sur le devant de la scène...
Que souhaites-tu faire dans l'avenir ?
Penser à mes enfants et aussi consacrer du temps aux jeunes. J'aimerais leur parler de la prison et leur faire bénéficier de mes mauvaises expériences afin qu'ils n'empruntent pas le « mauvais chemin ».
As-tu une conclusion à ajouter ?
J'ai encore des projets plein la tête et vous invite à visiter mon site www.fillmoreslimmusic.com afin de vous tenir informés de mon actualité.
Vous constaterez que j'ai enregistré un nouveau single, nommé « Fillmore Slim is dressed to kill », qui est un morceau de Rap.
Un documentaire a été fait sur ma vie. Aujourd'hui il est question d'en tirer un film de cinéma qui retracerait mon parcours. Cette « histoire de ma vie » remonterait jusqu'à mon enfance à la Nouvelle Orléans en passant par Los Angeles et évoquerait toutes les bonnes et les mauvaises choses que j'ai pu vivre. Il y a Morgan Freeman qui jouera dedans ainsi que Snoop Dogg. La réalisation sera assurée par Quentin Tarentino...
En dehors de cela, je n'ai qu'une dernière chose à te dire. Garde le Blues en toi man, Ok...
Remerciements : Denis Leblond (Tempo Spectacle)
www.fillmoreslimmusic.com
www.myspace.com/fillmoreslimblues
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